La Patrouille des Glaciers.

Mercredi 21 Avril,

Brièvement la patrouille des glaciers (P.D.G.) est une course de renommée internationale qui se situe en Suisse  auparavant réservée au militaire, elle a depuis quelques années ouvert ses portes aux civiles. C'est une course qui  part de Zermatt pour arriver à Verbier, elle comprend 4000m de dénivellés pour une distance de 53 kms.  La particularité de cette course est qu'elle se court par équipe de 3, vu le nombre de participants au fil des années, les militaires ont du créer un deuxième jour de course et comme c'est une course glaciaire, les départs se font  en plein milieu de la nuit avec un échelonnement toutes les heures.

Cette année, notre équipe était composé de Gerome Yann - Cheneval Raphael et Novero Laurent, arrivés à Zermatt, nous effectuons l'inévitable contrôle du matériel, prise des dossards, puis nous partons à l'assaut de notre chambre d'hotel  4 étoiles, sur place, nous préparons nos sacs et effectuons les derniers réglages.

Nous donnons une partie de nos affaires à notre ravitailleur en chef  Novero Jean-Louis, déjà présent, il y a 2 ans, nous lui tirons un grand chapeau, il va rouler quasiment toute la nuit afin de nous assurer notre ravitaillement à Arolla puis il viendra nous récupérer à Verbier.

Notre départ est prévu Jeudi à 01h00, Raph mais son alarme tout est ok, ,nous "essayons"de nous reposer avant le départ, je dis bien essayons, d'un coté j'ai droit à la ligue des champions et de l'autre à des ronflements assez étrange..

Tout d'un coup, Yann me réveille tout affolé, je regarde l'heure, il est 00h15, on saute dans les combinaisons pour rejoindre le dernier contrôle avant le départ, on arrive sur place la tête un peu dans le "c..", on charge dans les camions nos sacs de change, on effectue le contrôle A.R.V.A puis on va se mettre en place sur la ligne de départ. L'avantage de cette mésaventure, nous aura permis de pas attendre 10 plombes sur la ligne.

Ca y est, le compte à rebours est donné et c'est PARTI, nous décidons de partir tranquillement, le point positif sera la petite quinzaine d'équipe au départ, cela nous évitera les bousculades, je tiens quand même à garder le contact avec le Team Tavon qui se compose de Baud Stéphane, Boisier Adrien et Brunet Eric.

A la sortie de Zermatt, je suis calé derrière les Clusiens mais je sens la corde qui se fait la malle du sac, 200m plus loin, j'entend un bruit de casserole, ce fameux bruit et ma pelle qui vient de tomber avec l'ensemble du contenu de mon sac , je m'arrête en catastrophe, Yann arrive, on remet tout dedans en prenant soin de ne pas faire un sac de noeud avec la corde.

On repart en dernière position,  nous récupérons rapidement les équipes, nous retrouvons Raph puis nous décidons de faire l'effort pour recoller sur la première équipe.

Au bout de 30min de course, nous apercevons leurs lampes, nous abordons une descente, je passe en tête tout en profitant de l'éclairage de Yann mais dans un virage, nous arrivons sur un pont et là au moment où je n'ai plus de visibilité je me mets la cheville à l'équerre. Je m'étale sur le pont, Yann m'aide à me relever et j'ai vraiment du mal à reposer le pied à terre, à ce moment là, je m'en veux beaucoup, tout ça pour avoir fait des économies de batterie, je me mets la cheville en vrac. Je deviens le chat noir de l'équipe.

Au poste de contrôle, nous retrouvons les clusiens qui terminent leurs manips, j'enfile le pied dans la chaussure et je sens bien que la malléole à déjà bien gonflé, j'essaye de ne pas trop trainer afin que ça ne se refroidise pas trop. Raph arrive, nous avons 5 à 6 min de retard sur le Team Tavon mais les autres équipes arrivent, nous repartons en 4ème position. En arrivant à Schonbiel, nous avons réussi à reprendre quelques places.

Nous aperçevons toujours les Clusiens, nous faisons la manip de corde et ça y est nous attaquons la bête noire, la montée sur tête blanche, nous commençons à doubler des équipes parties 1h avant nous. Nous regardons nos temps de passage, on est pas trop mal mais il ne faut pas s'endormir, Yann est devant et donne le rythme. Au sommet de tête blanche, nous devons pointer en 2ème position.

Nous abordons rapidement la descente, Yann reste devant mais rapidement Raph fait le drapeau derrière, après s'être pris les skis 2 ou 3 fois dans la corde, nous changeons rapidement la position de l'équipe. Arrivés à Bertol, nous enlevons les skis et terminons à pieds, comme ça bouchonne un peu, ça évitera de s'enmeller avec la corde. La descente jusqu'à Arolla est rapide, la neige est béton et il faut se méfier des quelques cailloux qui resortent, il y a beaucoup de monde et la collision avec d'autres coureurs peut vite arriver.

Arrivés à Arolla, nous cherchons Jean-Louis au milieu de la foule qui nous attend avec le ravito, nous faisons rapidement le changement et en moins de 10 min, nous repartions sur la fameuse bosse de Riedmatten. Le départ sur piste est assez raide, et vu comme c'est béton, on est tout sur les bras. Les 400 derniers mètres sont plus en projection jusqu'au pied du Col.

Dans le couloir, ça bouchonne sévère, mais les équipes rattrappées sont très fairplay et nous laisse passer sans problème, à la descente c'est le même topo, il y a autant de monde, le début se fait sur une main courante mais vu la foule, nous essayons de passer à côté. On rechausse puis on arrive au fameux plat du lac des dix, là c'est parti pour 3 kms de skating en devers, on laisse pas mal de jus mais  l'avance que l'on prend par rapport aux équipes est flagrante.

A la Barma, on fait un arrêt au ravito, les gels ont de plus en plus de mal à passer et le solide n'ont parlons pas, on prendra un verre de bouillon et on rattaque en direction de Rosablanche, J'aperçois au loin le Team Tavon mais malheureusement on ne les reverra qu'à l'arrivée. Le soleil commence à bien chauffé, Raph et Yann sont devant, j'essaye de m'accrocher et finalement, toute l'équipe prend un éclat dans le couloir, 1800 marches à monter !!!

Au sommet, on se remotive, on sait que la fin est proche, une courte descente encore une traversée puis on arrive au pied de la dernière bosse. La neige est encore bien béton, la trace est en dévers, on s'accroche et ça y est , c'est la délivrance. On est au Col de la Chaux, on a plus qu'a descendre jusqu'à Verbier, la descente sur piste est très rapide, toujours une neige béton. On déchausse aux Ruinettes et on s'élance pour le dernier kilomètre sur bitume, plus on avance, plus il y a de spectateurs, encore plein de frisson avec tous ces appaludissements et ces encouragements. Nous passerons la ligne en 8h46min, nous avons droit aux remerciements du lmt col Burgener.

Après un controle des sacs, une personne vient nous voir pour nous féliciter et nous explique qu'elle fait partie de la lutte anti-dopage. Yann et moi ont été tirés au sort pour un contrôle urinaire. Mais en attendant de se présenter, nous avons une heure  pour nous restaurer et l'armée, nous attribue deux militaires pour nous surveiller.

Au final, nous prendrons une belle 2ème place, un peu déçu au niveau du chrono, vu les conditions de terrain, c'était la période idéale pour réaliser de belle performance.

Nous tenons encore une fois à remercier Jean-Louis, pour nous avoir assuré le ravitaillement à Arolla et surtout pour avoir gérer tous le matos d'après course.